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04 mai 2006

La grande mutation du poste de travail dans l'entreprise

Dossier spécial (5 pages) dans Les Echos du 4 mai 2006

Ce dossier tente de dresser un tableau de ce que seront les ordinateurs de bureau dans les années qui viennent, avec les enjeux qu'impliquent la fonction de point d'entrée dans le système d'information des entreprises, la concurrence des systèmes d'exploitation et des applications orientées vers le client particulier, et les volumes de postes à renouveler régulièrement.

1/ Premier constat, l'influence des utilisateurs sur l'évolution du poste de travail en entreprise se fait de plus en plus pressante. Habitués à utiliser des outils aux fonctionnalités étendues à leur domicile, les usagers de l'informatique professionnelles s'attendent de plus en plus à trouver les mêmes services lorsqu'ils sont à leur bureau.

Les constructeurs de matériels et les éditeurs de logiciels ont tous bien compris l'intérêt de proposer de nouvelles technologies en priorité sur le marché "grand public". Ainsi le WiFi, la téléphonie IP, les clefs USB, etc. ont d'abord séduit le particulier avant de s'imposer dans le cadre professionnel. Avec toutes les difficultés qui accompagnent cette tendance : par exemple, la mise en place d'un réseau WiFi en entreprise ne peut en aucun cas s'inspirer de ce que chacun installe à peu de frais dans son logement personnel.

2/ Autre sujet d'intérêt : l'évolution de Windows avec les promesses de Vista. Microsoft prévoit toujours la livraison de son nouveau système d'exploitation pour janvier 2007. Même si par ailleurs, Gartner estime que cette confiance est exagérée, comtpe tenu de la complexité du système et du rythme auquel l'éditeur nous a habitués entre les versions bêta, les versions "candidates" et le lancement opérationnel. Gartner estime que Vista ne devrait être disponible en version opérationnelle avant mai-juin 2007.

Tous les obervateurs s'accordent en tout cas à considérer que Vista ne pourra fonctionner que sur des machines "musclées", ne serait-ce qu'en raison des évolutions de l'interface utilisateur, friande d'effets 3D et de transparence.

L'une des difficultés de Microsoft consiste à s'assurer que Vista sera compatible avec le plus grand nombre possible d'applciations existantes.

En même temps que Vista, le poste de travail sera doté d'Office 2007, nouvelle version de la bureautique Microsoft. Avec le risque pris par l'éditeur de bousculer les habitudes des utilisateurs, en transformant radicalement l'interface de ses applications, à commencer par la barre de menus standard, remplacée par une barre contextuelle. Les formateurs doivent commencer à se frotter les mains...

Pour la migration, il devient clair qu'il sera judicieux d'attendre 12 à 18 mois, après la sortie officielle de Vista, avant de procéder à des migrations massives.

3/ Du côté de l'Open Source, les industriels estiment que l'âge d'or des logiciels libres est de plus en plus pour bientôt.

Le Cigref estime que Linux est désormais à la heuteur des attentes des grands comptes, mais il reste pour l'instant cantonné à ds populations spécifiques pour des postes métiers.

Il n'en reste pas moins que le changement des habitudes des utilisateurs est encore un frein important à l'adoption de Linux, sans parler des difficultés liées à la compatibilité des documents entre les plateformes. Le passage de Windows/Office au monde du libre semble pouvoir générer des économies mais elles ne sont pas encore suffisantes pour convaincre. Probablement parce qu'elels sont compensées par des coûts d'adaptation encore trop importants.

Selon Gartner, la part de Linux en entreprise eétait de 2% en 2005, 2,3% en 2006, et devrait passer à 3% en 2008 et 2009. A cette date, Windows devrait représenter 95,2% (dont 47,9% pour Vista). Pas de quoi provoquer une révolution !

4/ C'est sans doute dans le domaine des applications que le bouleversement risque d'être le plus important dans les années à venir.

L'émergence progressive et sans tapage des concepts du Web 2.0 va inéluctablement s'imposer sur le poste de travail. Ces technologies qui permettent à une poste de travail équipé d'un simple navigateur (Internet Explorer, Firefox...) de se connecter à une application distante et de télécharger des éléments de fenêtres, pour les assembler sur l'écran comme s'il s'agissait d'une application locale classique, n'ont pas fini de révolutionner notre environnement de travail.

Les entreprises peuvent sans doute y voir à terme la promesse d'économies dans les investissements à réaliser : qui dit navigateur dit aussi "client léger" : plus besoin de configurations musclées pour faire "tourner" les applications métiers : il suffit d'un accès à l'Internet avec un logiciel de navigation standard, avec l'atout complémentaire d'une interface unique quelle que soit l'application.

5/ Mais ne nous y trompons pas : l'intérêt des éditeurs n'est pas dans la réduction de nos coûts d'investissements. Il est surtout dans une transformation radicale des concepts de licences logicielles.

La technologie du client léger permet de proposer à l'utilisateur une facturation variable en fonction de l'usage réel. Au lieu d'acheter une licence donnant droit à la totalité des fonctions du logiciel, nous ne paierons que ce que nous consommons.

L'accès au logiciel de base devrait être progressivement banalisé et même gratuit. Par contre, l'accès aux services indispensables sera payant, et fonction des besoins. Un modèle sans doute proche de celui du téléphone : un forfait de base pour les fonctions banalisées (communications locale et nationales), et un paiement au volume pour les "extras" (communications internationales, services à valeur ajoutée).

Reste à savoir si ce modèle est réellement destiné à produire des économies pour le consommateur, ou plutôt à garantir des revenus constants pour l'éditeur. Après un succès très relatif de sa "Software Assurance" Microsoft aurait bien intérêt à pousser ce nouveau modèle, qui garantit une plus grande continuité du chiffre d'affaires.

Cette tendance est dans l'air depuis plusieurs années, et les évolutions que nous vivons semblent bien confirmer les prédictions que faisaient déjà les analystes il y a cinq ou six ans.

6/ Dernière grande tendance des postes de travail :la fin du poste de travail unique. Les ordinateurs de bureau ont beau se faire de plus en plus petits, nous n'échapperons pas à la multiplication des équipements. Adieu donc le rêve d'un ordinateur à tout faire, adapté à tous quels que soient les besoins.

D'abord les ordinateurs portables vont se multiplier à un rythme soutenu. Les constructeurs envisagent déjà de vendre autant de portables que de fixes d'ici quelques mois. Les "clients légers" devraient aussi décoller, pour atteindre 10% du parc en 2008, voire 20% en 2010. Cette accélération n'est évidemment pas sans rapport avec l'essor des applications distribuées sur l'Internet (voir plus haut).

Mais surtout, il faut se préparer à devoir gérer plusieurs postes de travail par personne : certains salariés disposent djà d'un PDA et/ou d'un "smartphone" qu'il faudra bien prendre en compte dans le parc de l'entreprise. Avec un nouveau défi pour lesentreprises : proposer aux salariés le même environnement de travail quel que soit le terminal, PC, PDA ou téléphone.