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04 juin 2007

Attention aux nouveaux mutants : les "digital natives"

Autopromotion : lu dans 01 Informatique du 1er juin 2007

Gartner prévient : attention aux nouveaux mutants, les « Digital natives »

Nés depuis la fin des années 80, la notion de «nouvelles technologies» ne veut rien dire pour eux qui n’ont connu que l’ère du tout numérique. Ces jeunes que l’on appelle les «Digital natives» vont bientôt déferler sur le marché du travail, et Gartner prévient : «ça va décoiffer».

C'est à Barcelone lors de son symposium européen de printemps, que Gartner vient de présenter la synthèse des travaux de ses analystes, placée cette année sous le signe de huit "Tendances émergentes" qui devraient impacter toutes les organisations en charge des technologies de l'information. Parmi ces tendances, omniprésent, l'impact social des nouvelles technologies qui laisse présager, selon Gartner, les plus grands bouleversements des 5 prochaines années, avec des effets durables et irréversibles.

Le constat part de l'observation sociologique de nos enfants, qui n'ont pas connu le monde d'avant le numérique, et qui disent "j'ai eu un appareil photo" quand nous disons "je me suis acheté un appareil photo numérique".

Cette évolution n'est pas sans conséquences sur nos activités, tellement les risques d'incompréhension avec ces nouvelles générations sont importants. Non seulement ils manipulent les outils avec aisance, mais leur mode de pensée, leurs références et leurs valeurs en sont bouleversés.

Il nous faut désormais vivre avec la multitude d'outils de création de contenu dont ces ados disposent à moindre coût, et qu'ils utilisent tous les jours pour communiquer au sein de leurs communautés d'intérêts : téléphones portables à caméra intégrée, WiFi, logiciels de montage vidéo, blogs, réseaux sociaux sur le Web (mySpace), site collaboratifs (Second Life), etc.

Et ce n'est qu'un début. Car il faudra aussi compter avec les nouveaux moyens d'intéraction informelle comme le partage de "bookmarks" personnels (del.icio.us, digg.com), l'indexation et l'évaluation de contenus (Flickr, Last.fm, Epinions), les prédictions au moyen de la "sagesse des foules" (consensuspoint.com), ou les outils d'expression ou de conversation comme les blogs ou les wikis.

Intervenant comme invité, Don Tapscott enfonce le clou. Pour l’auteur de « Wikinomics – Comment la collaboration change tout » (pas encore traduit en français) les organisations les plus performantes seront celles qui sauront tirer le meilleur parti des capacités et du génie collectifs pour stimuler l’innovation, la croissance et le succès.

Cet environnement conduit inéluctablement à ce que Gartner appelle depuis quelques années la "consumérisation" des TI, cette tendance lourde qui met l'informatique professionnelle sous la coupe des consommateurs que sont leurs nouveaux collaborateurs.

Comment, alors, imposer des mesures de sécurité traditionnelles, comme le filtrage, à ces "digital natives" qui vivent quotidiennement au sein de communautés virtuelles diverses, disposent d'un avatar sur Second Life, utilisent Gmail depuis toujours, tissent leurs réseaux avec MSN Messenger et Skype et exposent sans complexe leur vie privée, image comprise, sur leur blog ? Et comment gérer un parc informatique standardisé quand les collaborateurs disposent à domicile de machines aux performances démesurées, certains jeunes "précurseurs" disposant déjà à titre personnels de capacités de stockage mesurées en Téra-octets.

Cette situation est déjà vécue dans l'enseignement, en particulier dans le supérieur, où la présence de ces "digital natives" commence à se faire sentir sur la façon de gérer l'informatique. Le premier enjeu pour les entreprises consistera à faire évoluer leur environnement culturel et à s’adapter à de nouveaux modes de communication. Pour éviter à ce patron, demandant à son jeune collaborateur un rapport important à déposer le lendemain sur son bureau, de n'y trouver qu'une clef USB contenant sous forme d'un fichier Mpeg, une superbe présentation animée: il avait oublié de préciser que le rapport devait être au format papier !

12 mai 2007

Plus de portable dans les écoles américaines ?

Lu dans "Internet Actu NG" du 10 mai 2007 :

Plusieurs écoles américaines abandonnent la distribution de portables dans le secondaire (les "high schools").

"Trop coûteux, trop de casse, trop d'usages non-pédagogiques… et en définitive, des résultats scolaires qui ne s'améliorent guère : de nombreux Etats et Comtés des Etats-Unis qui avaient massivement distribué des ordinateurs portables à leurs élèves sont tentés d'abandonner, explique le New York Times.

Plusieurs études démontreraient en effet que la possession de PC portables ne change rien aux résultats des élèves, sauf peut-être à ceux des meilleurs élèves, qui en tirent le meilleur profit. Les enseignants ont même parfois le sentiment que l'ordinateur fait obstacle à leur relation directe avec les élèves. En outre, les coûts associés à de tels programmes sont beaucoup plus élevés que prévus : remplacement et réparation, assistance aux utilisateurs, formation des enseignants, sécurité des réseaux contre les attaques et virus, mais également pour limiter l'accès aux jeux, sites porno et autres messageries instantanées…

Retour au bon vieux tableau noir, donc ? Pas tout à fait. Les écoles réfléchissent à d'autres formules, comme l'augmentation de leur parc d'ordinateurs partagés, l'élargissement des horaires d'accès aux salles informatiques ou encore, l'utilisation d'autres terminaux. Sans non plus manquer de reconnaître que dans cet échec relatif, l'absence d'évolution pédagogique joue un rôle non négligeable."

24 mars 2007

Le mystère de la capacité des disques durs. Ou du bon usage des standards

Depuis quelques années, les utilisateurs d'ordinateurs s'étonnent de la différence entre la capacité annoncée par les fabriquants de disques durs, et la capacité réelle annoncée par le système d'exploitation. Ainsi, un disque de 80 Go n'affiche-t-il que 74,5 Go sous Windows.

D'où vient la différence ? Certaines explications entendues ici ou là parlent de l'effet du formatage, qui ferait "perdre" de l'espace sur le disque. Pourquoi pas ? Mais une perte de près de 7% pour le formatage, cela fait beaucoup.

Et si la vérité était à la fois plus simple et plus obscure ? Simple comme les mathématiques, et obscure comme une vérité passée sous silence par les médias.

La faute à l'IEC !

Tout est expliqué sur le site de l'IEC, vénérable Commission Electrotechnique Internationale (ou International Electrotechnical Commission).

L'IEC est à l'origine d'un standard, en vigueur depuis décembre 1998, qui ajoute au Système International d'unités (SI) une nouvelle norme de "préfixes binaires".

Rappelons à cette occasion que le SI définit un ensemble de 7 unités de base : le mètre pour les longueurs, la seconde pour le temps, l'ampère pour le courant électrique, le kelvin pour la température, la mole pour les quantités de matière et la candela pour l'intensité lumineuse.

C'est aussi le SI qui définit les multiples et leurs abréviations, de yotta (10 puissance 24) à yocto (10 puissance -24) en passant bien sûr par kilo, méga, giga.

kilo, méga, giga

Justement, ces préfixes bien connus de l'informatique ont longtemps été utilisés (à tort) pour désigner des multiples de 1024 (2^10) et non de 1000 (10^3). Dans les premiers temps de l'informatique, la différence n'était pas bien grande, mais avec la croissance des capacités, elle devient plus visible. De 2,4% à l'échelle du kilo elle passe à 20% à l'échelle de l'exa.

Depuis 1998 donc, le SI définit clairement que le kilooctet comporte 1000 octets et non 1024. Pour faire plaisir aux informaticiens, l'IEC a eu le bon goût de créer de nouveaux préfixes pour les multiples binaires. On doit donc utiliser le kilobinaire pour désigner 1024, ce qui donne le kibioctet (KiO) pour 1024 octets. Les multiples binaires sont les suivants (cliquer sur le tableau pour l'agrandir) :



Voilà donc l'explication des octets perdus au "formatage" : en réalité, les fabricants de disques donnent leur capacité en kilooctets, tandis que le système d'exploitation lui, compte en kibioctets sans le dire. Lorsque Windows nous dit que le disque comporte 74,5 Go, il faut comprendre 74,5 Gio, soit 74,5 * 2^30 (soit 79,99 Go).

Il devient donc urgent que tout le monde prenne l'habitude de parler la même langue, ou au moins les mêmes mesures. Ou bien on accepte qu'un kilo vaut 1000 en octets comme dans toutes autres mesures, ou bien il faut apprendre à manier les multiples binaires.

J'avoue avoir un faible pour cette dernière option. Juste pour la poésie : quel plaisir de manier des barettes de 256 mebioctets, des disques de plusieurs tébioctets, ou des débits réseau de plusieurs gibibits ! Les Shadocks auraient adoré...